mercredi 30 novembre 2011

La fausse couche: une blessure physique et psychique


Je me lance, j'ouvre mon coeur...


Aujourd'hui je parlerai d'un sujet qui m'a touché au mois de Juin... sujet que je n'ai jamais abordé sur ce blog: Ma grossesse échouée.


Plusieurs années que je suis en couple avec chéri, c'est donc tout naturellement que l'envie de faire un bébé s'est dévoilée au fur et à mesure.
Dès le premier essai, le petit + s'est affiché.
Mais c'était une grossesse qui allait mal s'annoncer.


Première échographie dans un centre médical: on nous annonce un oeuf clair. Le choc, mais on n'avait peut être pas réalisé ce qui nous arrivait. Si vite arrivé et les espoirs si vite partis. La déception était présente mais on arrivait à gérer.


Je prends rendez vous avec mon gygy pour qu'il m'explique la démarche à suivre. Il me fait une écho, un bruit apparaît, c'est le coeur du bébé!!!! La conception a été faite plus tard que prévue... je venais d'apprendre pour la seconde fois ma grossesse et cette fois ci je savais l'apprécier à sa juste valeur.


J'arrive à mon troisième mois, il me reste 2 jours avant de faire la première échographie officielle. Du sang apparaît dans mes urines... je sens au fond de moi que c'est une fausse couche, à vrai dire cela faisait 2 semaines que je disais à chéri que je ne me sentais plus enceinte...


Le résultat des urgences tombe comme un couperet: "Vous faites une fausse couche Mme, mais soyez contente çà se fait naturellement et en plus vous pouvez tomber enceinte!" Ok je sais que certaines femmes ont du mal à tomber enceinte mais là sur CE moment, ce n'était pas forcement ce que je souhaitais entendre. Je retiens le coté direct de l'urgentiste...


Je rentre à la maison sans plus de renseignement que ne rien faire mais laisser faire la nature. J'éprouve un sentiment d'injustice. Je ne suis pas arrêtée et retourne donc au travail... On se soutient, on se console en se disant que la nature fait bien les choses, que c'est mieux maintenant que plus tard... 2 jours après des douleurs violentes me font quitter le bureau. Chéri me conduit à la maison je suis pliée en deux, en boule, par terre sous la douche je ne sais plus comment me mettre. Je perds énormément de sang, chéri me force à retourner aux urgences mais je ne veux plus bouger. Il arrive à me convaincre, j'arrive aux urgences de la maternité, on me prend, on m'annonce une fausse couche hémorragique, on me garde pour la nuit mais on ne me donne aucun médicament pour m'aider juste des anti douleurs qui ne feront rien.


Pendant la nuit je me sens seule avec cette lumière aveuglante, cette chambre froide où raisonne les cris de nouveaux nés... Des pleurs signifiants la vie mais des pleurs dans l'âme pour ma part. Je me trouvais dans le même service que les naissances...


Le matin arrive, on me passe une nouvelle écho, "ça n'a pas bougé Mme" on va vous faire un curetage. Je n'étais pas du tout réticente à cet acte, je voulais juste en finir. Je voulais rentrer chez moi, essayer de ne plus penser à tout ça. On me remonte en chambre, on patiente avec chéri, le changement d'équipe s'effectue et avec leur avis.


Nouvelle écho, nouveau résultat: On n'a pas le temps de vous faire un curetage, on peut essayer de l'ôter comme ça.
Je fais confiance au milieu médical, j'ai les idées à peine en place avec la nuit que je venais de passer, je les laisse faire. Je vous épargnerai les détails mais ce moment à été très difficile à supporter, sans anesthésie, sans anti douleur, je suis comme un cobaye ou un numéro qu'il fallait traiter et expédier.
Je n'ai pas compris dès le début qu'ils étaient déjà passé à l'acte, le moment où j'ai réalisé ce n'était plus la peine que je réagisse. Fin de l'examen, ils n'ont pas tout ôté. Ils m'administrent du cytotec pour finir de tout évacuer.
J'insiste pour rentrer chez moi.
Je suis fermée.
 Je sors de la salle et annonce à chéri: Çà y est cette fois ci c'est terminée, je veux partir.


Les semaines ont passé, beaucoup de pleurs pour moi, chéri aura su me soutenir dans les moments les plus critiques: Voir se petit ventre rond qui n'abritait plus personne, apprendre les annonces de grossesse de mes très bonnes amies, voir les jours défiler sur le calendrier où j'avais noté les semaines, et les moments importants de la grossesse... apprendre à nos proches que tout été terminé.


Aujourd'hui je pense toujours à ce moment, au traumatisme surtout mental que j'ai subi. Aujourd'hui on souhaite toujours agrandir la famille et avec ces mois passés on va réessayer mais cette peur que tout recommence est omniprésente.


5 mois après, les marques physiques sont passées mais il reste toujours la douleur psychique. Finalement ce sera la plus dure étape, celle de pouvoir passer à autre chose.
 Je retiendrai aussi certains passages médicaux qui auraient pu être évité pour accompagner au mieux la personne: Etre dans un autre service que celui des naissances, des explications et de la considération de la part des medecins. Bien sur je ne mets pas tout le personnel médical dans le meme panier, j'ai aussi rencontré dans ce monde des personnes qui  restent aussi humaines et professionelles, je pense notamment aux sages femmes et auxillaires présentent ce jour là à l'hôpital.




Si j'écris cet article aujourd'hui ce n'est pas pour me faire plaindre mais pour soulager le besoin d'écrire ce que je ressens. Malgré l'entourage des proches, des phrases et gestes réconfortantes une fausse couche marque à jamais le corps et l'esprit d'une femme, d'un couple, d'une famille.


Edit:
Hier à la publication de ce message mon flux n'a pas pris en compte la bonne date de publication et cet article s'est retrouvé paru et archivé au 22 novembre. Je supprime et réedite ce message. Vos commentaires laissés sont recopiés. Merci encore d'avoir compris le but de message: me soulager par l'écriture et non me faire plaindre.
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30 commentaires:

  1. Bravo pour avoir réussi à en parler. Une forme d'exutoire, sûrement, mais aussi une marque que tu as réussi à passer cette épreuve, même si elle restera toujours en toi. Et pas bravo au personnel médical, franchement...

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  2. C'est une douleur que je ne peux pas comprendre... mais je peux comprendre que ça laisse des traces. Toutes mes pensées...

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  3. Comme je ne peux avoir qu'une très vague idée de ce que tu as ressenti et ressens encore je vais juste te dire que je pense à toi et te fais plein de bisous, et merci d'avoir pu nous l'écrire <3<3<3

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  4. bravo pour ton courage d'avoir écrit ta douleur.
    j'espere que cela te fera du bien.
    bises

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  5. Merci à toutes, j'éprouvais le besoin de l'écrire depuis un moment déjà. Mais il y a cette pudeur même à travers l'écriture et c'est aussi pour ça que j'ai hésité avant de le publier.
    En tout cas, c'est une épreuve que je ne souhaite à personne. Et l'entourage est tres important dans ces moments là mais le fait de tourner la page vient surtout de soit.

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  6. J'ai les larmes aux yeux, tu as été courageuse depuis tous ses mois et tu as eu le courage de mettre des mots sur ta peine c'est important et ça te permettra peut être de te sentir mieux! Pleins de bisous. PS : je te t'envois un petit mail dès que j'ai un peu plus de temps devant moi, là je suis claquée! Bisous!

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  7. Tu as raison d'écrire c'est une bonne thérapie !
    Nous connaissons ça aussi dans la famille la difficulté d'avoir un enfant, faire des inséminations, un 1er échec, et là le 2 ème n'a pas l'air viable ... donc on attend en espérant que la fin ne sois pas pendant les périodes de noël sinon toute la famille ne sera pas réuni ...
    Je ne peux pas savoir ce que ça fait réellement au plus profond mais on essaye de traverser les épreuves avec elle, de savoir les rdv les avancées ...
    Bisous et bon courage !!

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  8. @Ines: Merci et repose toi bien! C'est vrai que ca fait du bien d'en parler.

    @le monde de lali: J'ai encore cette chance de ne pas avoir de probleme pour tomber enceinte. Je sais l'apprécier! Au moment où je faisais ma FC tout le monde me disait ca pour me réconforter, mais la douleur fait qu'on ne l'acceptera que plus tard. J'espere que la personne que tu connais ca marchera! Vivre ca plusieurs fois ca doit etre éprouvant. Je suis de tout coeur avec elle et c'est une chance d etre entourée.

    Merci pour vos commentaires les filles

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  9. je voulais juste te dire que je comprends, la douleur, le manque de tact des médecins, ta solitude ...la vie est parfois injuste, et j'espère qu'elle te rendra heureuse tres vite ...

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  10. Tu es très courageuse, et je suis sûre que cela te fait du bien d'en parler.
    J'espère que tu pourras donner la vie très prochainement, je suis de tout coeur avec toi.
    Bisous

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  11. J'imagine bien que le but n'est pas de se faire plaindre. Quand on traverse ce genre d'épreuve, on cherche simplement à guérir, soigner ses blessures profondes.... Et écrire est une bonne thérapie je pense. Tu as eu raison de le faire et j'espère que cela t'aura un peu aidé à aller "mieux".
    Plein de bisous.

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  12. J'espère de tout coeur que très prochainement ça se fera.
    Ton témoignage est très beau et très fort (j'ai un peu de mal à trouver mes mots pardon)

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  13. @ merci à toutes pour vos messages d'encouragement. Aujourd'hui ca va mieux meme si la blessure gardera toujours une cicatrice.

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  14. Tu n'as vraiment pas été épargnée, j'en suis vraiment désolée. Ce sont des moments déjà si durs à passer...
    En tout cas tu viens de passer un cap en l'écrivant, et même si, comme tu le dis si bien, la blessure ne se refermera jamais totalement, c'est un pas important que tu viens de franchir.

    (perso je pense encore à la mienne, alors que j'ai été cocoonée par le service médical et que depuis notre biscotte est née).

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  15. Je suis désolée de lire ça...Le temps te permettra sûrement de faire le deuil de cet enfant potentiel, et un jour, vous remarcherez confiants et heureux vers la parentalité! (même si l'appréhension sera peut-être toujours légitimement présente, tapie dans un coin, le tout est qu'elle ne se fasse pas trop grande)

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  16. Tout mon courage pour t'aider à surmonter cette terrible épreuve.

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  17. Touchant témoignage et pas du tout pris comme une plainte...j'ai vécu ça aussi, en moins violent que toi et je te dis bravo. J'ai eu les mêmes réponses des urgentistes, ce "mais pourquoi vous pleurez madame, c'est qu'il ne devait pas être là", pff ! Aujourd'hui, je suis à nouveau enceinte de 5 mois et malgré l’appréhension des débuts (les 3 premiers mois à guetter la moindre perte...), on se concentre vite sur les petits bonheurs. je ne peux que te souhaiter ça.

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  18. C'est tellement peu facile de se livrer si intimement pour un moment si difficile... Je t'embrasse fort et te souhaite que l'amour fasse grossir ton joli ventre. Pour de bon cette fois. ;)

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  19. Quel courage d'en parler, bravo, je l'ai vécu, il y a 8 ans, la douleur, je m'en souviens comme hier, comme si on s'arrachait à moi, je n'ai pas eu tout ce côté médical. Ce fut naturel! Juste un médecin extraordinaire qui m'a accompagnée au cabinet d'échographie à côté et qui a demandé à faire annuler les autres RDV de l'après-midi pour m'expliquer, parler, mon mari était à 300kms! J'ai beaucoup culpabilisé mais grâce au soutien du doc et de mon mari, j'ai compris que la bataille n'était pas finie et depuis, j'ai eu 2 merveilleux trolls avec des grossesses superbes! Alors il faut y croire, c'est un petit ange qui est passé dans ta vie!

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  20. C'est super d'avoir réussi à partager un moment aussi intime. cela m'a touché car je suis aussi passé par ce moment il y a 2 mois, en beaucoup moins traumatisant que toi.
    Je suis d'accord, la peur que ça recommence est vraiment difficile à surpasser. Tout comme l'annonce répétée de la grossesse de tous les copines...Et puis, l'envie de comprendre...même s'il n'y a rien à comprendre, c'est la vie et c'est tout. Mais qu'est-ce que c'est dur !

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  21. Que dire de ces équipes soignantes peu "sensibles" face à la douleur physique et psychique d'une âme meurtrie??? Pas grand chose... Peu de chose à dire aussi quand on vous remet (dans un couloir), un flacon de médicament "qui vous permettra de faire évacuer le "reste".... Et on n'oublie surtout pas de dire: "évitez de (re)tomber enceinte pendant 2 mois!".
    Tout ça pour dire que ton article m'a beaucoup touché.
    Je te souhaite une bonne continuation.
    Kisses.

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  22. J'ai pris du temps. J'ai pleuré en te lisant. Tu sais pourquoi. Je sais pourquoi. C'est tellement injuste la vie et tellement merveilleux aussi...c'est là l'injustice. Je ne peux pas incriminer ce monde qui m'a privé de mes bébés mais m'en a donné un merveilleux à aimer.
    Il n'y a pas de mots. Juste des regrets et une tristesse profonde.

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  23. C'est bien d'avoir pu en parler.. même si la douleur de cette épreuve restera, çà permet une certaine libération... J'ai réussi à avoir les trémollos en pensant à ce que tu as du ressentir. Tu es quelqu'un de forte et je suis sure qu'un avenir heureux ne tardera pas à pointer le bout de son nez :-) N'oublie pas qu'on est tous là pour toi!!!

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  24. mon dieux, ton article me rappel de bien mauvais souvenirs aussi et je comprends très très bien ce qui t'arrive pour l'avoir vécu, deux mots pour te soutenir, courage et patience, c'est très bien que tu puisses en parler, bisous,
    aurore

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  25. Je te comprends, près de 3 ans après j'ai du mal à avaler, un jour on me dit que je suis enceinte, 3 mois après c'est la fausse couche et le surlendemain on commence à me parler cancer. Je bascule de la layette à l'horreur. Finalement, ironie du sort, moins de 2 mois après le passage au bloc, je suis enceinte :-), et mon grand bébé a 2 ans ! La douleur reste après les années, elle est parfois moins puissante, mais il faut garder espoir!

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  26. les femmes dont l'enfant est "non né" le portent toujours en elles. je compatis à ta douleur, à celle de toutes les femmes qui vivent la même. je te souhaite de tout coeur d'accueillir bientôt un enfant!

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  27. @aggie: merci pour ton message! C'est vrai qu'ils ne m'ont pas épargné mais apres c'etait surtout toutes les questions qui me trottaient dans la tete sans les reponses qui me faisaient le plus mal. Qu on soit bien soigné ou non la douleur psychique est aussi dure. Justement je me demandais si apres une petite crevette on y pensait de la meme maniere ...

    @la fille aux cheveux de lin: On a attendu quelques mois (medicalement c'etait conseillé mais meme moi je voulais attendre) mais on réessaye depuis peu!

    @melanie: Merci pour ton message, je pense que le plus dur est derriere maintenant

    @lalali: oh mes félicitations!! Je pense que tu dois encore plus l'apprécier ta grossesse! C'est clair que je stresserai aussi les premiers temps!

    @morue: Merci! J'espere que tu seras entendu et que ca marchera! J'ai tres peur que ca recommence!

    @Petits potins: Et bien! Ce docteur faut le garder! Je n'ai jamais entendu ca! Ca a du bien t'aider de te sentir épauler. Je suis contente pour toi si tout va mieux et avec 2 anfants!!

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  28. @SIssi: Exactement, c'est comme ca. Je suis désolée pour toi aussi. J'espere que tout ira mieux et vite! Ca arrive à beaucoup d'entres nous et finalement on en parle peu...

    @annmatmac: Oui c'est exactement ca... on me l'avait conseillé aussi. Finalement on a attendu 3 mois avant de recommencer mais plus pour nous que pour le medicalement parlant. Merci pour ton message!

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  29. @la mere canne: Oui on sait pourquoi... Il n'y a pas de mots et une grande tristesse. La plus belle des revanches c'est de mettre au monde un petit tresor comme tu l'as fait. Bises et merci pour ton message.

    Titemanie: Oui merci d'être là! L'entourage y fait beaucoup. Je ne sais pas si je suis tres forte, j'ai reussi aussi à trouver une voie de secours en accomplissant autre chose qui me tenait à coeur. Puis je crois que ma mutation m'a aussi beaucoup occupée et changer les idées.

    @anonyme ou aurore: tu as raison! Patience, je crois vraiment aussi que ca y fait! Le temps efface au fur et à mesure certaines douleurs.
    Ps: tu as un tres joli prenom!

    @Rose and cook: oh mon dieu! Ca du etre une épreuve tres difficile! Tout ca d'un coup! Je suis contente qu'il en a été autrement! Mais que ca a du etre dur! Merci d'avoir partagé ca ici!

    Lili: Merci pour toutes. On est plus que l'on ne croit... On en parle peu...

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  30. Oh allez, je vais faire mon vieux sage : 7 ans plus tard, on y pense toujours. On se demande à quoi ressemblerait notre vie actuelle si tout s'était bien passé, on compare les gamins des autres à un enfant imaginaire, celui que pourrait être devenu le notre. "Heureusement", c'est arrivé très tôt, je n'avais même pas eu le temps d'annoncer la nouvelle à mon entourage. (ouais bon, je trainais pas mal sur ce point)

    L'avantage avec le côté froid des médecins, c'est qu'on n'a pas à subir leur compassion. S'ils m'avaient regardée avec leurs yeux de chat Potté, je ne pense pas que je m'en serais sortie si bien. Je n'avais qu'une idée en tête, la garder haute, la fameuse tête. Rester digne et fière (et ne pas beugler pendant le curetage). Déjà que j'avais honte d'avoir échoué dans mon rôle de femme...

    N'empêche, qu'est ce que j'ai douillé ! J'étais Verdun !

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